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Pourquoi Emmanuel Macron veut accélérer la réindustrialisation de la France

Le chef d’État souhaite que le pays gagne en rapidité pour concurrencer les États-Unis et la Chine.

Emmanuel Macron assure vouloir accélérer la réindustrialisation de la France. C’est ainsi qu’il a dévoilé les grands axes du projet de loi «industrie verte», présenté le mardi 16 mai par son ministre de l’économie Bruno Le Maire.

La réindustrialisation, « mère de toutes les batailles »

À l’Elysée, devant pas moins de 400 patrons, ministres et représentants de collectivités, Emmanuel Macron admet que la réindustrialisation «est la clé de notre souveraineté». Il plaide ainsi pour le développement d’une industrie décarbonée, «ou en tout cas cohérente avec la lutte contre le réchauffement climatique et la protection de la diversité».  Il surnomme cette réindustrialisation comme étant la «mère de toutes les batailles», après avoir décrit la réforme des retraites comme la «mère de toutes les réformes». 

Le chef de l’Etat a déploré que «la France se soit davantage désindustrialisée que les autres pays en Europe, (…) parfois on l’a laissée faire (…), et puis ça été subi. On a perdu 12 points de parts de l’industrie dans le PIB». Avant d’ajouter que la France a dix points de différence, en termes de PIB par habitant, par rapport à nos voisins allemands. «Ce n’est pas tenable». 

Cette volonté de réindustrialiser le pays intervient telle une riposte européenne à la politique quasi-protectionniste de Joe Biden aux Etats-Unis, pour soutenir l’industrie et la transition énergétique. Cet automne, le Président français était en première ligne pour s’armer face à cette concurrence, ainsi que face à la montée en puissance chinoise. 

Choose France, le sommet consacré à l’attractivité du pays

Dans la continuité de cette réindustrialisation voulue, en début de semaine, le président de la République et son ministre de l’économie étaient à Versailles pour le sommet «Choose France». Créé en 2018, ce rendez-vous annuel est consacré à l’attractivité du pays. Le but ? Attirer des investissements étrangers en France. Ces derniers sont censés augmenter la croissance économique du pays et l’emploi.

Le Président en a donc profité pour présenter quelques-uns des derniers projets d’investissement signés. Au total, 1725 projets à capitaux majoritairement étrangers se sont déployés sur le territoire l’an dernier, qui ont permis la création ou le maintien de 58 810 emplois, selon un bilan publié jeudi dernier par Business France, l’organisme chargé d’accompagner les investisseurs étrangers en France. En 2022, la France a été pour la quatrième année consécutive le pays le plus attractif en Europe pour les investisseurs étrangers en nombre de projets, affirmait la semaine dernière le cabinet d’audit EY. Un score que le président compte bien améliorer pour cette année.

Comment Emmanuel Macron compte passer à la vitesse supérieure

Afin d’accélérer le processus, Emmanuel Macron veut «diviser par deux les délais» d’une nouvelle implantation industrielle dans l’Hexagone. De 17 à 18 mois, on passerait alors à 9 mois «maximum» pour pouvoir réutiliser des terrains aujourd’hui en friches. Pour ce faire, la banque des territoires va investir pas moins d’un milliard d’euros. 

Une stratégie élaborée sur quatre piliers

Emmanuel Macron a détaillé sa politique, résolue autour de quatre piliers : «le premier est une politique macroéconomique de compétitivité». Ainsi, il souhaite permettre à la France de faire converger ses programmes économiques pour éviter les conflits d’intérêts, et ainsi permettre un développement commun avec les autres pays.

«Le deuxième levier c’est l’investissement. Dès 2018 sur les batteries, l’électronique, l’IA ce sont plusieurs milliards d’euros qui ont été mis pour justement développer des verticaux avec des centres clés », a assuré le président tout en rappelant que la France de 2030 devrait poursuivre dans cette voie.

«La troisième approche est européenne. Jusqu’alors l’Europe ne parlait qu’au consommateur (…). Elle faisait de facto le choix de renoncer à une base industrielle, si ça pouvait faire baisser les prix. Cette approche n’est pas soutenable»

«Le quatrième pilier c’est la stratégie territoriale, une alliance avec tous les territoires», a-t-il conclu, se félicitant d’avoir bâti 2000 actions pour deux milliards d’euros.

D’autres mesures : 

  • 700 millions d’euros pour améliorer les formations aux «métiers d’avenir»
    La somme de 700 millions d’euros va être engagée pour installer des formations au plus près des étudiants. Notamment dans les petites villes et dans les «métiers en tension».
  • Création d’un crédit d’impôt «industrie verte»
    Le chef de l’état annonce aussi la création d’un «crédit d’impôt industrie verte». Ce dernier servira à soutenir le coût de production de batteries, pompes à chaleur, éoliennes ou panneaux solaires. Ce crédit d’impôt «permettra de déclencher 20 milliards d’investissements sur le territoire national d’ici 2030».
  • Le bonus automobile prendra en compte «l’empreinte carbone»
    Le bonus écologique à l’achat d’une voiture électrique sera réformé pour «prendre en compte l’empreinte carbone» de leur production et ainsi favoriser les véhicules fabriqués en Europe, a enfin promis le chef de l’État, puisqu’en Chine, l’énergie qui permet de les produire repose encore largement sur le charbon. Il a également affirmé que les commandes publiques allaient prendre en compte les critères environnementaux «pour les produits clés de la décarbonation»  comme les éoliennes et les pompes à chaleur dès juillet 2024 au lieu de 2026.
  • «Pause règlementaire européenne» en matière de normes environnementales
    Ces trois mots ont fait bondir les écologistes. Le chef de l’État appelle l’Union européenne à faire «une pause réglementaire européenne» en matière de contraintes environnementales, estimant qu’elles étaient déjà plus strictes qu’ailleurs et qu’il fallait désormais de la «stabilité».

La controverse écologique de l’opposition

David Cormand, eurodéputé EELV, estime qu’il y a «une contradiction dans le discours de Macron». Il déplore la logique qui consiste à dire que l’écologie est une contrainte compliquée et qui va à l’encontre des besoins économiques du pays. «II faut avoir une logique économique qui est davantage pour une économie circulaire, résiliente, avec plus d’emplois locaux, plus de petites entreprises, et ne pas être dans une course au gigantisme qu’on n’arrivera pas à tenir», regrette David Cormand.

 

La vision d'Emmanuel Macron pour le renouveau économique de la France !

Héloïse Pieragnoli

Diplômée de l’école de journalisme et de communication d’Aix-Marseille (EJCAM), Héloïse Pieragnoli a intégré par la suite la Google News Initiative, où elle a pu renforcer son écriture web. Aujourd’hui rédactrice pour La Gazette de l’Entrepreneur, elle est également bénévole au sein de La Chance, pour la diversité dans les médias. Une structure qui l’avait soutenu dans le passé, afin d’accomplir son projet professionnel.