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Pierre Lacombe : « Le no-code et le digital transforment tout »

Bonjour monsieur Lacombe, quel est votre parcours professionnel ? 

Bonjour ! Alors, mon parcours est un peu atypique, puisque j’ai commencé dans le cinéma. J’ai travaillé chez Warner Bross, dans le domaine du doublage. C’est d’ailleurs moi qui fait la voix de Dean Thomas dans Harry Potter ! Ensuite, je suis parti faire une école de commerce et d’ingénieur à Fontainebleau. 

Puis j’ai décidé de me tourner vers la captation d’images. J’ai créé une entreprise qui s’appelle le Parrot, et qui fait des drones. Les moyens techniques (tels que les drones pour capter des images incroyables, le son, le story telling) m’ont amené à vouloir aider un maximum de monde à se connecter avec son public. 

Ce qui me passionne, c’est de pouvoir produire le contenant. Au tout début, j’ai créé un outil, Celestory, qui permet de créer des fictions audios interactives. J’avais envie de lier du storytelling avec le monde de la distribution technique. Car la grosse problématique rencontrée avec des artistes ou des pédagogues, c’est qu’ils n’étaient pas en capacité d’avoir un accès direct à leur public. Celestory leur permet de faire ça plus facilement.

J’ai également écrit un livre intitulé « Écrire un scénario interactif ». Pour ce faire, j’ai rencontré tous les acteurs de la scénarisation interactive. Il y avait des gens de Warner, mais aussi des vainqueurs de la WAFTA. En somme, avec un contenu fini, les créateurs peuvent proposer des expériences infinies. Cela permet à n’importe qui de créer un programme informatique. Et à travers ces scripts, on peut créer une expérience informative. 

Ensuite, je suis parti retrouver ma petite soeur, qui est sage-femme en Guyane. C’est là que j’ai rencontré des gens de la base spatiale, notamment Anthony Le Lettey. C’est lui qui a créé l’incubateur Station K. Comme il recherchait des porteurs de projet, je me suis présenté, et c’est comme ça qu’on est devenu une start-up de la base spatiale. En tout, une quarantaine d’entreprises sont là-bas. Dans le monde du no-code, démarrer dans l’environnement le plus sécurisé, c’est extraordinaire. Et en deux ans, on a réussi à accomplir ce que les entreprises américaines font en plus de dix ans. 

Pouvez-vous expliquer ce qu’est VoltApp ? 

J’ai fondé VoltApp, un outil souverain qui permet de créer des applications ou des automatisations via le processus du no-code. C’est-à-dire, un moyen de créer des applications ans coder avec des briques de code informatique. Un peu comme avec des legos. On ne peut coder qu’une seule fois les choses, puis copier/coller ces briques. Imaginez trois petits legos pouvant créer un plus gros lego : la page de connexion. Cette page va s’assembler dans un gros lego : le module de gestion des utilisateurs. Et, très vite, on va pouvoir combiner un maximum d’éléments pour faire ses applications plus rapidement.

Pourquoi c’est important que ça soit démocratisé ? 

Le no code, et le digital en général, transforme tout. Quand est-ce qu’il sera trop tard et qu’on ne maitrisera plus rien ? On le voit avec l’IA, on envoie toutes nos données sur des serveurs. Les entrepreneurs peuvent se faire hacker. Il y a de gros enjeux de sécurité. On peut se réapproprier des outils, notamment pour les créateurs de contenus (les formateurs, les PME, les start-upper etc), se dire qu’on n’est pas obligés d’être soumis à des marketplace, car ça signifie être sous le diktat de leur algorithme. Ça permet de modéliser leur règles. 

À qui ça peut être utile ?

On voit plusieurs profils sur notre app d’automatisation. Et la cible numéro un : des porteurs de projet digital dans les organisations. Dans des PME, dans des grandes entreprises de digital, de marketing, d’innovation. Des gens qui veulent aller assez vite, et qui ont déjà une activité qu’ils doivent digitaliser. 

Ensuite, on voit beaucoup de gens qui sont des entrepreneurs, créateurs de projet qui veulent lancer leur start-up. On fait des ateliers en Guyane à Courroux. Mais aussi en métropole dans des incubateurs, dans des grandes écoles, des lycées. On voit beaucoup de gens qui veulent faire de l’entrepreneuriat, mais qui ne savent pas coder. Avec peu de moyens on peut créer des choses incroyables. 

En Guyane, il n’y a pas d’école de développeur. De 5 ans de formation en code, on passe à 2 mois avec le no-code. On peut aider sa communauté, les PME proches de chez nous. On peut le faire en local, et en plus, c’est écologique. Ne pas envoyer toute la donnée à l’autre bout de la terre, ne pas dépendre de serveurs qui changent les prix ou coupe la connexion quand ils veulent…

En Guyane, c’est essentiel, car on doit créer beaucoup d’applications. Par exemple, il n’y a pas Blablacar. Donc des projets de covoiturages se lancent. C’est un bon moyen de réduire la fracture sociale. Ça permet aussi de le faire en participant à une aventure plus grande, en faisant avancer l’autonomie sur terre, c’est aussi la développer plus tard dans l’espace. 

Combien ça coûte ? 

50 euros par mois, pour utilisateurs illimités et données illimitées. Si vous regardez les autres alternatives, vous verrez des limites très fortes. Vous pouvez le faire sans aucune contrainte. Offrir des coupons, trois mois gratuits, peut être intéressant pour eux, pour tester. C’est une technologie collaborative. 

Avez-vous quelque chose à ajouter ? 

On a une initiative no code space lab pour promouvoir une formation autour du no code ! Si des gens veulent participer, ils peuvent le faire en allant sur nocodespacelab.com  et peuvent nous rejoindre dans cette belle aventure.

Héloïse Pieragnoli

Diplômée de l’école de journalisme et de communication d’Aix-Marseille (EJCAM), Héloïse Pieragnoli a intégré par la suite la Google News Initiative, où elle a pu renforcer son écriture web. Aujourd’hui rédactrice pour La Gazette de l’Entrepreneur, elle est également bénévole au sein de La Chance, pour la diversité dans les médias. Une structure qui l’avait soutenu dans le passé, afin d’accomplir son projet professionnel.