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Kev Adams empêtré dans une affaire d’arnaque au NFT

Kev Adams affirme son innocence, alors qu’une enquête de Mediapart montre son implication dans une affaire d’arnaque au NFT. Le contexte est un projet de film d’animation financé par des NFT, qui aurait fait perdre plus de 1,5 million d’euros à des investisseurs qu’il a convaincus de participer.

Kev Adams est-il le cerveau d’une arnaque au NFT (Non-Fungible Token) ? Ce dimanche 23 avril, Mediapart a publié une enquête révélant que l’acteur a largement participé à la promotion d’un film d’animation, nommé « Plush ». Créer un film grâce à un financement participatif en cryptomonnaie. Le concept est bien inédit. Quelques 770 investisseurs confiants ont alors acheté des NFT. Aujourd’hui, ils n’ont toujours pas reçu de retour sur leur investissement. Au total, ils ont perdu près de 1,5 million d’euros.

Pour comprendre les faits, il faut revenir en 2021. Un investisseur en cryptomonnaies basé à Dubaï, surnommé « Fabi », contacte l’acteur. Il lui propose de prêter sa voix à un ours animé, personnage principal de « Plush ». Kev Adams considère alors qu’il s’agit d’un concept « nouveau, moderne, cool », et accepte la proposition. En mai 2022, l’acteur commence sa promotion lors d’un live Instagram. Parmi ses 7,5 millions d’abonnés, certains émettent des doutes en commentaires. Face à eux, Kev Adams se montre assertif : « Mais non frérot, on ne va ruiner personne ! »

Kev Adams fait la promotion de Plush lors d’un live instagram (mai 2022).

Un projet séduisant

Le projet a de quoi séduire. Qui ne rêve pas de financer un film au cinéma avec un casting aussi prestigieux que Eric Judor, Audrey Lamy, Gérard Darmon, ou encore le chanteur Maître Gims ? Pour ce faire, une seule contrepartie est demandée par Kev Adams et « Fabi », présent lors du live Instagram mais caché derrière un costume de nounours. Il s’agit de l’achat d’une des 50 images d’oursons stars sous forme de NFT. « Fabi » promet alors aux abonnés de Kev Adams que « ces NFT vous permettent d’avoir une vraie part de production du film. Le but c’est aussi de prendre des décisions avec nous ». Vendues à 1250 euros le NFT, cette participation financière doit assurer aux investisseurs de voir leur nom apparaître au générique, mais aussi de participer au scénario. Et surtout, « récupérer jusqu’à 80% des bénéfices mondiaux du box-office », selon « Fabi », l’investisseur-peluche. 

Le média d’investigation en ligne révèle que « Fabi » est le dirigeant d’Illuminart, une « société opaque » installée dans la ville des Émirats arabes unis. Il est considéré comme un proche de Kev Adams, car le quotidien révèle qu’il aurait financé son anniversaire dans une somptueuse villa sur la Côte d’Azur. C’est un « gros joueur » de poker, « interdit de casino ». Il a également attiré l’attention de Tracfin, le service de renseignement français chargé de la lutte contre le blanchiment d’argent. 

Flop des ventes de NFT

Mais en juillet dernier, la production du film n’était toujours pas commencée, et le projet est mis sous silence. Sûrement à cause du flop de cette vente d’images de nounours : entre le 18 et le 25 mai 2022, seuls 1280 NFT ont été vendus « à la communauté française » de Plush. « Fabi » se défend en expliquant aux investisseurs que les dépenses avaient été utilisées en « influenceurs américains » et en « marketing ». Il assure aussi être victime d’un « crash des cryptomonnaies ». 

De son côté, sur Twitter, Kev Adams se défend becs et ongles : « Je me suis assuré du sérieux du projet, j’ai même longuement parlé avec les studios (qui étaient censés produire et fabriquer le film). J’étais en confiance, entouré de professionnels. J’ai compris par la suite que leur projet était trop ambitieux et inadapté au marché des NFT et du cinéma ». S’il est vrai que d’énormes moyens ont été mis en place pour promouvoir le projet (une publicité avait même été diffusée en face de l’Hôtel Majestic du Festival de Cannes en 2022), certains doute de la crédulité de l’acteur, et de nombreux abonnés le somment déjà de « rendre l’argent ». 

 

L'humoriste empêtré dans une affaire d’arnaque au NFT

 

Héloïse Pieragnoli

Diplômée de l’école de journalisme et de communication d’Aix-Marseille (EJCAM), Héloïse Pieragnoli a intégré par la suite la Google News Initiative, où elle a pu renforcer son écriture web. Aujourd’hui rédactrice pour La Gazette de l’Entrepreneur, elle est également bénévole au sein de La Chance, pour la diversité dans les médias. Une structure qui l’avait soutenu dans le passé, afin d’accomplir son projet professionnel.