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Faut-il racheter des trimestres de retraite pour partir plus tôt ?

Une pratique méconnue qui peut faire des heureux parmi les retraités. La technique du rachat de trimestres retraite peut se révéler rentable. Si son coût est élevé, le retour sur investissement l’est aussi. Un cadre supérieur peut atteindre plus de 4 000 euros par an. Mais comment faire ? La Gazette de l’Entrepreneur décortique ce système pour vous.

Le rachat de trimestres pour la retraite, c’est quoi ?

Le moment du départ à la retraite approche à grands pas, mais vous n’avez pas assez cotisé pour obtenir une pension de retraite à taux plein ? Pas de panique, vous avez trois solutions qui s’offrent à vous.

La première est de continuer à travailler. La deuxième, c’est d’accepter une décote sur votre pension. La troisième, qui est très rentable, sauf si l’on a fini sa carrière en étant au chômage, c’est le rachat de trimestres dans le régime de base.

En effet, depuis 2003 (année de la réforme Fillon), il est possible de racheter des trimestres. Douze au maximum, pour être exact. Une option d’autant plus intéressante qu’elle permette de bénéficier d’un avantage fiscal. Certes, les cotisations peuvent être déduites des revenus imposables.

En d’autres termes, le rachat de trimestres équivaut à verser volontairement des cotisations. Ainsi, on fait en sorte que les périodes où vous n’avez pas cotisé pour la retraite (telles que les stages de fin d’études par exemple), soient prises en compte lors de votre départ en retraite par l’Assurance retraite de la sécurité sociale.

Comment connaître son âge de départ à la retraite à taux plein ?

Si vous avez exercé différents métiers, alors vous avez aussi cotisé à différents régimes de retraite. Alors, l’évaluation de votre âge de départ à la retraite à taux plein devient plus complexe.

Pour faire le point, il est possible de demander votre Relevé Individuel de Situation (RIS). Le RIS est un relevé de carrière inter-régimes récapitulant l’ensemble de vos droits. Vous aurez alors accès à des informations concernant :

  • Vos trimestres cotisés pour votre retraite de base dans tous les régimes ;
  • Vos points acquis (pour votre retraite complémentaire) ;
  • La liste des régimes auxquels vous avez cotisé ;
  • Les revenus pour lesquels vous avez payé des cotisations.

Le RIS est un document très utile pour connaître votre âge de départ à la retraite et le montant de votre future pension. Il vous est envoyé automatiquement tous les 5 ans, à partir de vos 35 ans.

Racheter des trimestres pour la retraite, ça coûte combien ?

Un salarié âgé de 61 ans doit compter 3 300 à  4 400 euros de dépenses par trimestre acquis. Le prix de rachat des trimestres (qui dépend de votre âge, mais aussi de vos revenus et de votre régime de retraite : salarié, profession libérale…), est très élevé.

Par exemple, à 61 ans, un salarié doit débourser par trimestre entre 3 329 euros (pour un salaire annuel inférieur à 75 % du plafond de la Sécu, soit 32 944 euros pour l’année 2 023) et 4 439 euros (pour un salaire annuel supérieur au plafond, soit 4 992 euros).

En revanche, lorsqu’on rachète plus d’un trimestre, il est possible d’étaler le paiement : sur un ou trois ans jusqu’à 8 trimestres rachetés, et sur un, trois ou cinq ans de 9 à 12 trimestres, sachant que la totalité de la somme devra être versée avant la date de part à la retraite.

Quelle est la rentabilité du rachat de trimestres retraite ? 

Si le montant de votre pension complémentaire est élevé, la rentabilité peut atteindre des sommets ! Au départ, cette pension est conçue afin de récupérer votre mise, dans le cas où vous atteignez votre espérance de vie. Néanmoins, le dispositif est plus attrayant si votre complémentaire constitue une part élevée de votre pension, comme c’est le cas pour les salariés cadres, ou d’autres professions libérales.

Le retour sur investissement se fait alors très rapidement. Car le fait d’obtenir, grâce aux ­trimestres rachetés, une retraite à taux plein dans le régime de base va doper votre pension complémentaire (la décote prévue, qui peut excéder 20 %, sera aussi ­annulée). Sans compter la déduction du coût du rachat de vos revenus taxables. Tout compris, le gain pour un cadre supérieur peut atteindre 4 000 euros par an.

Quand faut-il racheter des trimestres de retraite ?

Il vaut mieux ne pas attendre d’avoir 60 ans pour racheter vos trimestres de retraite. En effet, la législation peut vite évoluer. Mais si vous êtes du genre à faire les choses au dernier moment, rassurez-vous : l’opération est permise jusqu’à 66 ans. Et à partir de 63 ans, le prix du trimestre baisse (le prix varie entre 3 044 et 4 059 euros à 66 ans).

Il n’est néanmoins pas recommandé d’attendre pour le rachat de vos trimestres, car l’âge à partir duquel le rachat devient profitable est lui aussi retardé, jusqu’à dépasser 75 ou 80 ans.

En cas d’une fin de carrière au chômage

Si vous avez passé vos derniers mois de carrière au chômage, ne paniquez pas, c’est Pôle emploi qui prendra la relève. Attention, si vous êtes au chômage ou risquez de l’être bientôt, évitez de racheter vos trimestres, car vous perdrez de l’argent.

Effectivement, Pôle Emploi vous indemnise jusqu’à ce que vous disposiez des trimestres requis pour le taux plein.

Résultat, vous obtiendrez une retraite sans décote. Avec en prime : une allocation chômage (souvent supérieure à cette pension), et réaliser l’économie du rachat de trimestres.

Gardez en tête tout de même que si vous arrivez en fin de droits au chômage durant cette période, Pôle emploi continuera à vous verser vos allocations sous trois conditions seulement : justifier de 100 trimestres validés, de 12 ans de cotisation à l’assurance chômage et d’une année de travail continue au cours des cinq dernières.

Héloïse Pieragnoli

Diplômée de l’école de journalisme et de communication d’Aix-Marseille (EJCAM), Héloïse Pieragnoli a intégré par la suite la Google News Initiative, où elle a pu renforcer son écriture web. Aujourd’hui rédactrice pour La Gazette de l’Entrepreneur, elle est également bénévole au sein de La Chance, pour la diversité dans les médias. Une structure qui l’avait soutenu dans le passé, afin d’accomplir son projet professionnel.