Comment concilier vie personnelle en tant que maman seule, et vie professionnelle d’entrepreneur ? Rares sont les parents célibataires avec un ou plusieurs enfants qui osent se lancer dans une création d’entreprise. Par nécessité ou par envie, certains franchissent pourtant le pas. C’est le cas de Philomène, 33 ans, qui vient tout juste de démarrer son activité. Rencontre.
Bonjour Philomène, peux-tu nous raconter ton parcours ?
J’ai commencé mes études dans le domaine équin, avec un CAP soigneur équin en 2007, puis un BEP soigneur et aide animateur. Ensuite, j’ai effectué un brevet professionnel pour devenir responsable d’exploitation.
Comme j’avais envie de voyager, je suis partie en Nouvelle-Calédonie entre 2013 et 2015 en travaillant en tant que vendeuse en magasin d’équitation. Une fois rentrée en France, j’ai vécu pendant toutes les saisons dans les magasins de ski, toujours en tant que vendeuse, de 2015 à 2019.
Ensuite, j’ai dû m’arrêter pendant trois ans afin de m’occuper de mon fils. J’ai repris le travail dans un magasin de sport fin 2022, mais j’ai fini par démissionner en juillet dernier.
Quel a été le moment clé qui t’as fait basculer de salariée à entrepreneuse ?
C’était justement vers le moment de ma démission, mais j’y reviendrai plus tard.
J’ai toujours eu envie de bosser à mon compte. C’est d’ailleurs dans cette optique que je m’étais orientée vers le diplôme du brevet professionnel. Le hic, c’est que quand tu travailles dans une écurie, tu n’as ni week-end, ni vacances… Donc pas top pour le moral.
Ce qui m’a vraiment poussé à franchir le pas, c’est lorsque je suis retournée travailler en magasin, après les trois ans d’arrêt afin de m’occuper de mon fils. À ce moment-là, j’ai remarqué une chose : le fruit de mes efforts était récompensé de la même manière que les autres, alors même qu’ils en faisaient moitié moins que moi. Je ne me suis pas sentie reconnue à ma juste valeur. Ça a sonné le glas de ma carrière en tant que salariée.
J’ai commencé une formation en juin dans le métier de « commercial » pour les entrepreneurs du web. En fait, je fais du «Setting & Closing».
Quelle était ton appréhension principale avant de te lancer ?
De ne pas trouver tout de suite mes premiers contrats ! Car sans contrats, pas de revenus directs. Comme je ne perçois aucune aide de l’état, je pioche dans mes économies. J’avais de quoi tenir un peu au cas où.
Aujourd’hui, tu viens de démarrer ton activité. Quel effet ça fait ?
Oui, j’ai commencé le 31 juillet, et suis trop contente ! J’ai passé ma certification de Closing mardi matin, j’ai obtenu 17/20. Avec une partie sur la création d’entreprise, une autre sur comment se vendre sur les réseaux sociaux (chose indispensable pour les entrepreneurs aujourd’hui).
J’ai déjà déniché mon premier client, une mission qui me prend 1 à 2h par jour et qui me rapporte 250 euros pour l’instant, car je suis payée à la commission. J’ai trouvé un deuxième client avec qui je commence cet après-midi, à raison de 30h par semaine. Le but étant d’atteindre les 3 000 euros par mois.
As-tu noté quelques différences entre le fait d’être indépendante et le fait d’être salariée ?
Bien sûr ! Au niveau de mon temps surtout. Lorsque je travaillais en magasin je finissais vers 19h30-20h. C’était la course tout le temps ! Et il m’était impossible d’aller chercher mon fils à l’école. Là, je peux aller le chercher à la garderie, et c’est vraiment un soulagement.
Autre chose bénéfique : je ne travaille plus les samedis. Et j’ai plus de temps, car je gère mon planning comme je l’entends. Si un jour je dois faire quelque chose, j’ai juste à prévenir mon client à l’avance. Pas besoin d’attendre qu’on valide ma demande de congés. Et ça, ça fait du bien.
Je le sens au niveau moral : je suis moins stressée, moins énervée… Et je suis plus présente pour mon fils de cinq ans et demi. J’ai de la chance, car j’habite à côté de chez mes parents : ils ont été un vrai soutien, car ils m’aidaient à garder le petit pendant que je travaillais, et ça m’économisait les frais de nounou.
Quel est ton objectif, et tu te laisses combien de temps pour y parvenir ?
L’objectif c’est d’économiser afin de m’acheter une maison, avec un terrain assez grand pour mettre mon cheval dessus. Je pense que d’ici six mois, cela va se faire.
As-tu un conseil pour les mères célibataires qui voudraient se lancer dans l’entrepreneuriat ?
Mon conseil serait de ne pas trop réfléchir, et essayer direct. En tout cas, on n’a rien à perdre. Même en cas d’échec, ça sera toujours une expérience de plus.