Mais que se passe-t-il dans les collèges de France ? Trois jours après l’agression de Samara, 14 ans, à Montpellier, Shemseddine, 15 ans qui a été retrouvé inconscient près de son collège de Viry-Châtillon, dans l’Essonne. Tabassé à la sortie des cours, il est mort à l’hôpital des suites de ses blessures.
La victime a été laissée pour morte à 100 mètres du collège
Au micro de BFMTV jeudi soir, le maire de Viry-Châtillon, Jean-Marie Vilain, déclarait : « Il sortait de son cours de musique à 16 heures, et quelques minutes plus tard, il a été agressé à 100-150 mètres du collège par trois ou quatre personnes qui l’ont roué de coups, qui l’ont massacré. » Selon plusieurs témoins, les agresseurs portaient des cagoules.
Les premières constatations démontrent qu’aucune arme n’a été utilisée. Cela n’empêche que l’élève a été blessé le long du corps et à la tête. Laissé pour mort sur le bitume, le garçon a été retrouvé par un passant qui a prévenu les secours. Les sapeurs-pompiers et le Smur de Juvisy sont intervenus pour lui donner les premiers soins. Les agresseurs, eux, s’étaient déjà enfuis.
En fin d’après-midi, il est pris en charge par les pompiers alors qu’il était en arrêt cardiorespiratoire. Il est alors évacué vers l’hôpital Necker de Paris. Son pronostic vital est engagé. Présent sur les lieux de l’agression, le maire de Viry-Châtillon se dit « bouleversé par cette ultra-violence ». Une cellule psychologique a été mise en place au collège Les Sablons pour apporter un soutien aux élèves et aux enseignants.
Une enquête pour tentative d’assassinat est ouverte
Bien que les collèges et lycées du 91 connaissent souvent des problèmes de rixes entre quartiers rivaux, « aucune piste n’est privilégiée, l’enquête démarre à peine », selon une source policière. De son côté, Grégoire Dullin, le procureur de la République d’Évry-Courcouronnes, précise qu’une enquête judiciaire a été ouverte pour « tentative d’assassinat » et « violences volontaires en réunion aux abords d’un établissement scolaire ». Pour le maire, l’espoir réside dans la trentaine de caméras de vidéosurveillance de la ville pour aider l’enquête judiciaire.
« C’était à Montpellier hier, à Viry-Châtillon demain, et ça sera malheureusement encore ailleurs après-demain. Toute cette option d’éducation, y a plus de repères, plus de limites dans ce qu’on peut faire », regrette Jean-Marie Vilain.
Tabassé pour un différend à propos de la soeur de deux des agresseurs
Quelques jours avant les faits, deux frères (l’aîné de 20 ans et le cadet de 17 ans), découvrent des messages sur les réseaux sociaux à propos de leur petite sœur de 15 ans.
Par ce biais digital, ils apprennent que celle-ci correspondait avec des adolescents de son âge sur des sujets relatifs à la sexualité.
Les deux frères réunissent alors plusieurs garçons du quartier pour leur faire comprendre qu’ils ne doivent plus entrer en contact avec leur sœur, « craignant pour sa réputation et celle de leur famille », selon les mots du parquet en charge de l’affaire. Mais, absente à cette réunion, « la victime se vantait de pouvoir librement parler avec Ieur sœur, n’ayant pas encore eu à subir de pression de leur part ».
Le 4 avril, les deux frères, accompagnés de deux connaissances, sont devant le collège des Sablons et y croisent Shemseddine par hasard, selon leurs déclarations.
Un peu plus loin, dans un hall d’immeuble, le groupe veut une explication sur les propos tenus par Shemseddine sur la mineure de 15 ans. Le ton monte, et c’est là que le tabassage commence. ’autopsie a établi que sa mort était due à un traumatisme crânien ayant entraîné un hématome sous-dural.
« Etaient également relevées plusieurs autres lésions traumatiques sur le corps de la victime et l’absence de lésions de défense sur ses mains et ses avant-bras », complète le procureur. Le grand frère de 20 ans contacte alors les secours avant de prendre la fuite.
Dans cette affaire, la mineure de 15 ans a également été mise en examen pour « abstention volontaire d’empêcher un crime ». Le parquet a requis une mesure éducative provisoire judiciaire avec un placement dans un établissement éducatif, ainsi que l’interdiction de paraître dans l’Essonne.