Le salon Go Entrepreneurs s’est tenu les 5 et 6 avril 2023 à la Défense Arena à Paris. La nouvelle édition a tenu toutes ses promesses. À l’occasion des 30 ans de l’événement, retour sur deux jours hauts en couleur entre rencontres, débats et nouveautés.
« La création d’entreprise, c’est un sport de combat », Fabrice Lundy plante le décor, ouvrant ainsi la 30ème édition du salon de l’entrepreneur. En effet, La Défense Arena à Paris a été transformée, pour l’occasion, en un lieu de rencontre et d’échange pour les entrepreneurs. À peine arrivé, le slogan de l’événement saute aux yeux : « à vos marques, prêts, entreprenez ! ».
Offensif et motivant
La piste bleue dédiée aux courses sportives est foulée par de nombreux start-uppers, qui marchent avec un seul but : réussir. Au fond de la salle, une grande roue pour ceux qui souhaitent « prendre de la hauteur », et profiter d’une vue plongeante sur l’arène. Dès midi, l’espace est plongé dans le noir et une bande-annonce cinématique est diffusée sur l’écran de 2400m2, un des plus grands du monde. On y voit des sportifs, on y voit Paris, mais on y voit surtout un message qui se veut à la fois offensif et motivant : « se lancer, conquérir, foncer, rêver, tomber, se relever ».
Le but de l’événement Go Entrepreneurs, c’est non seulement d’aider les personnes à démarrer leur propre entreprise mais également leur donner l’envie de créer. Discussions avec la CCI de Paris (Chambre de Commerce et d’Industrie), prospections, rencontres, ponctués de spectacles en tout genre (trapézistes, chanteurs) : le salon a offert un cocktail détonnant aux entrepreneurs.
1,7 million d’entreprises créées en 2022
Des personnalités politiques étaient aussi présentes pour appuyer les ambitions de l’événement. Olivia Grégoire, ministre déléguée des PME (Petites et Moyennes Entreprises), du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, a soutenu un discours qui se veut optimiste : « 1 million 72 000 entreprises créées en 2022. Ce chiffre encourageant est en hausse de 17% depuis l’époque du Covid. Dans notre pays, on n’en a jamais créé autant ».
Cette augmentation s’explique par la crise sanitaire, qui a laissé des stigmates. Certains salariés ont décidé de travailler à leur compte suite aux différents confinements, qui ont mis à mal certains secteurs d’activités mais qui ont également été une source d’inspiration. Antoinette, 23 ans, en fait partie. Après le Covid, elle s’est rendue compte qu’elle voulait « faire un métier qui avait du sens ». Exit les entreprises où elle se sent enfermée, elle veut travailler dans l’univers du 3D et du métavers. Écoutant la ministre d’une oreille distraite, la jeune femme souffle « je suis dégoûtée, j’ai loupé Léna Situations ».
Olivia Grégoire continue : « Aujourd’hui, il est beaucoup plus facile d’obtenir ces financements. Grâce à la loi PACTE ainsi que les réformes fiscales de 2017, qui n’étaient pas très populaires, mais qui ont facilité les choses ». Les réformes fiscales évoquées ici avaient pour objectif de rendre la France « plus attractive pour les entreprises et les investisseurs, en encourageant la prise de risque, l’embauche et la transition écologique ». Elles ont longuement été décriées à l’époque, car beaucoup y voyaient des mesures permettant aux plus riches de s’enrichir davantage. Néanmoins, ce changement a ralenti l’expatriation fiscale.
Démarches administratives chronophages
Pour les étrangers qui souhaitent créer leur entreprise, « c’est l’enfer », rouspète Julian. Cet italien qui travaille dans l’informatique est venu au salon de l’entrepreneur pour « trouver quelque chose de concret ». Il avoue bien volontiers que la partie juridique n’est pas sa tasse de thé. Auto-entrepreneur, il possède des sociétés en Chine et en Arabie Saoudite, et ne comprend pas pourquoi les démarches administratives en France sont si chronophages. « Dans d’autres pays, il suffit d’une journée pour créer son entreprise. Ici, c’est fastidieux ».
Même les Français ne sont pas convaincus par la supposée facilité d’entreprendre dans leur pays. « Les beaux discours du ministre, je n’y crois pas » se lamente Paul, venu réseauter pour investir dans la cryptomonnaie. « Par exemple, avec l’Urssaf : je fais zéro minute de mon activité, j’ai déjà une tonne de papiers à remplir ». Il consent tout de même que les conseils juridiques et de gestion sont une plus-value dans l’organisation du salon.
Pour ne pas laisser leur vie professionnelle empiéter sur leur vie privée, des conseillers guident les visiteurs à travers des services en tout genre. Il y a les entreprises spécialisées dans le domaine bancaire, d’autres dans la domiciliation, ou encore dans les plateformes digitales dédiées à démocratiser l’accès à l’entrepreneuriat. Il y a également Infogreffe, un service privé qui vient de passer au domaine public, présent pour échanger avec les futurs chefs d’entreprise, toujours dans un souci d’accompagnement.
Mais c’est autour de la CCI (Chambre de Commerce et d’Industrie) que les visiteurs se sont attroupés. C’est elle qui aide les entreprises lorsqu’elles rencontrent des difficultés. De la négociation d’étalement de dettes au règlement de litige, la CCI couvre un large panel de questions.
Culture de l’entrepreneuriat
À l’issue de ces deux jours, les différents intervenants s’accordent tous sur un point : il faut essayer. Et surtout pas avoir peur de l’échec. Il est difficile de sortir du salariat et parcourir le chemin vers l’indépendance, semé d’embûches et de doutes. Mais il y a une réelle volonté d’implanter une culture de l’entrepreneuriat en France. Malgré tout, certains sont encore réfractaires, notamment pour l’impôt sur les sociétés qui s’élevait à 25% en 2022 (contre 33% en 2020).
D’autres se sentent isolés face aux démarches administratives, montagne inévitable à gravir avant de réaliser ses rêves. Un constat factuel se dessine au fil des discussions. Le nombre de créations d’entreprises en France en 2022 était deux fois supérieur au nombre de naissances. Sont-elles devenues les nouveaux bébés des français ?