On le sait, le marché de l’emploi en France métropolitaine a été profondément affecté par la pandémie. Malgré cela, les chiffres des différents baromètres se veulent rassurant pour cette année. Par exemple, Adecco-Analytics annonce que plus de 4,5 millions de recrutements seraient prévus d’ici octobre 2023. Parmi ceux-là, 43% (soit près de 2 millions) seront des recrutements en CDI, 30% en CDD, 20% en intérim équivalent à un temps plein et 7% en stage et apprentissage. Mais tous les métiers ne sont pas impactés de la même manière. La Gazette de l’Entrepreneur vous propose une analyse des chiffres sur le marché du travail en 2023.
Quelle situation du marché du travail au 1er trimestre 2023 ?
Une progression menée par le tertiaire marchand et les contrats courts
Grâce au secteur tertiaire marchand, l’emploi augmente de 0,2%, soit de 42 000 postes, selon la Dares. Pour rappel, ce secteur englobe le commerce, les transports, les activités financières, les services rendus aux entreprises et/ou aux particuliers, l’hébergement-restauration, l’immobilier et l’information-communication. Lors du premier trimestre 2023, les déclarations d’embauche en CDD de moins d’un mois progressent de plus de 2,1%, tandis que les embauches en contrat de plus d’un mois (CDD longs et CDI), reculent de -0,8%.
Un taux de chômage stabilisé et le temps partiel en progrès
On peut également noter sur ce trimestre l’accroissement de la population active (nouveaux diplômés et arrivants sur le marché professionnel). Grâce à eux, le taux de chômage se stabilise à 7,1%. La Dares affirme que le taux d’activité et d’emploi des 15 à 64 ans ont progressé à tel point qu’il a atteint son plus haut niveau enregistré. C’est le cas aussi chez les seniors (à 70,3% pour les 50-64 ans), grâce à une élévation du taux d’emploi à temps partiel dans cette classe d’âge.
Des difficultés de recrutement légèrement en baisse, mais toujours trop élevées
Ce premier trimestre marque également une réduction des difficultés de recrutement. La Dares comptabilise 51 765 emplois vacants dans l’industrie, dont 28% correspondent à des nouveaux postes créés, 45% à des postes inoccupés et 24% à des postes sur le point de se libérer. Malgré tout, dans tous les secteurs d’activité, le niveau est trop élevé. De plus, le nombre d’emploi vacants diminue aussi dans les entreprises de plus de 10 salariés. Ils représentent 22 000 postes en moins.
Progression des salaires, mais qui ne rattrapent pas l’inflation
Dans ce contexte inflationniste, le salaire mensuel de base a dû s’adapter. Tiré vers le haut par la hausse du Smic, ce sont les salaires de base des employés et des ouvriers qui progressent le plus vite : +5,5% et +4,9% en un an, contre +3,6% pour les cadres.
Les métiers qui recrutent le plus en 2023
L’enquête de Pôle Emploi intitulée « Besoins en Main-d’Oeuvre » (BMO) a permis de recenser les métiers qui recruteront le plus cette année. Près d’un employeur sur trois affirment vouloir recruter en 2023. Comme l’année dernière, les établissements employeurs prévoient plus de 3 millions de recrutements.
Les premiers concernés sont les emplois saisonniers : on recherche massivement des serveurs en hôtellerie/restauration, mais aussi des ouvriers agricoles pour les cueillettes et les vendanges, ainsi que des animateurs ou des manutentionnaires.
Hors emplois saisonniers, il y a aussi les métiers de services qui recrutent davantage : personnel de ménage, aides à domicile, infirmiers… Et à haut niveau de qualification, on retrouve les ingénieurs, cadres d’études ou chefs de projet informatique, avec plus de 40 000 projets d’embauche recensés cette année !
10 métiers en pénurie de candidats
Néanmoins, toujours selon l’enquête BMO 2023 de Pôle Emploi, le marché du travail ne connaît pas que des embellies. En effet, parmi ces recrutements prévus, 61% sont jugés difficiles, notamment dans ces métiers :
1) Couvreurs et couvreurs zingueurs qualifiés
2) Pharmaciens
3) Aides à domicile, aides ménagères
4) Chaudronniers, tôliers traceurs, serruriers, métallisés, forgerons
5) Carrossiers automobiles
6) Techniciens médicaux et préparateurs
7) Plombiers, chauffagistes
8) Spécialistes de l’appareillage médical
9) Conducteurs de transport
10) Ouvriers qualifiés travaillant par enlèvement du métal
À ce propos, Isabelle Rouhan, présidente de l’Observatoire des métiers du futur, assure que dans le domaine de la santé, « il manque 240 000 personnes d’ici 2024 pour s’occuper du grand âge à domicile ou en EHPAD. Beaucoup de professionnels de santé quittent le secteur hospitalier pour s’engager dans l’extra-hospitalier, où les conditions de travail sont meilleures. Des besoins nouveaux vont aussi émerger dans l’industrie du médicament, avec la relocalisation de la production de molécules comme le paracétamol. »
Autre constat du côté des métiers du transport et de la logistique pour cette professionnelle : « on manque de conducteurs de bus, de camions et de trains. Dans le bâtiment, il existe une pénurie de profils qualifiés pour la rénovation énergétique, comme la pose de pompes à chaleur ou d’isolation par l’intérieur. »
Un projet de loi en cours pour le « plein emploi »
Mercredi 7 juin dernier, le projet de loi sur le « plein emploi » a été présenté en Conseil des ministres. Avec comme promesse principale : une réorganisation des acteurs du service public de l’emploi et de l’insertion. Ainsi, « France Travail » remplacera Pole Emploi, et sera la seule porte d’entrée pour toute personne en recherche d’emploi. L’ambition du gouvernement est de faire passer le chômage de 7 à 5%. Ainsi, les inscrits à Pole Emploi, comme les bénéficiaires du RSA, seront automatiquement inscrits sur ce nouvel organisme.
Les personnes concernées seront d’abord celles en situation de handicap, avec une série de mesures spécifiques qui ont été détaillées lors de la conférence nationale du handicap en avril dernier par Emmanuel Macron. Il y a deux semaines, c’était Elizabeth Borne qui faisaient des annonces concernant les jeunes parents : environ 200 000 nouvelles places de crèches seront créées afin de leur faire retrouver le chemin du travail. Dernière cible : les bénéficiaires du RSA. Parmi eux, environ 20% ne sont actuellement pas du tout suivis.