La 9ème édition du Bpifrance Inno Génération (BIG) 2023 s’est tenu le jeudi 5 octobre à l’Accor Arena de Bercy, dans le 11ème arrondissement de Paris. Plus de 1000 speakers et 500 conférences s’y sont tenus avec un seul mot d’ordre : la fierté.
« Vous pouvez être fiers de vous. » Ces mots écris en lettres capitales sur fond jaune ont accueilli les visiteurs du salon Big 2023, le plus grand rassemblement business d’Europe. Cet évènement, organisé par Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, promet que tous ceux qui veulent se lancer y trouveront leur accompagnement.
Pour rappel, la Bpifrance finance les très grosses entreprises, mais aussi les moyennes, les start-ups, et toute les créations d’entreprises en France. Cela représente 1 million par an, selon Nicolas Dufourcq : « Sur ce million, il y a environ 200 000 entrepreneurs qui créent des entreprises pérennes. On voudrait doubler ce chiffre-là. On pense que l’entrepreneuriat doit s’installer au centre de la société française dans l’imaginaire français. »
Pour l’occasion, l’Accor Arena était habillée tout de jaune, et ce n’est pas un hasard. Car en marketing, le jaune symbolise l’énergie collective. C’est la couleur du soleil, elle est rayonnante et évoque l’énergie, le bonheur. Elle est très souvent utilisée pour associer une marque à des valeurs positives.
C’est aussi ce qu’a voulu faire Olivia Grégoire, Ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, lors de son discours. Motivant son auditoire, sur fond de philosophie emprunté à Socrate : « L’important n’est pas la chute, mais de ne pas rester là où vous êtes tombés. »
Dans les gradins, les visiteurs écoutent avec attention la ministre décréter qu’il faut être fiers, et surtout ne pas confondre fierté et arrogance. Elle prend notamment l’exemple de Lucie Basch, qui a créé l’application Too Good To Go en 2016 : « Elle a voulu lutter contre le gaspillage alimentaire, qui est une hérésie, et a réussi ! Elle peut être fière. Et au coeur de sa fierté, il y a du courage : celui d’être allé à contresens. »
Quand la French Tech rencontre la French Care
L’année dernière, après 2 ans de crise sanitaire, Bpifrance a lancé son coq blanc, qui symbolise « La French Care », pour mobiliser l’écosystème de la santé et fédérer ses acteurs, tant public que privés, sous une même bannière. L’objectif est que start-up et grands groupes, organismes de soins et laboratoires, instituts de recherche et universités communiquent davantage, innovent et fassent émerger des champions tricolores. Mais aussi qu’ils puissent faire rayonner l’excellence française à l’étranger.
C’est ce que fait Enchanted Tools, avec son robot nommé Miroki. « Plus qu’utile », ce robot humanoïde d’un mètre vingt-six étonne les visiteurs. Avec son enveloppe corporelle mi-humaine, mi-animale (les traits de son visage ressemblent à une espèce de renard), Miroki a aussi toute une histoire. Issu du peuple Mirokaï, sur une planète imaginaire inspirée des légendes bretonnes, ses aventures sont déclinées en animation sur YouTube.
Tout un univers magique qui éclipserait presque sa fonction principale : assister les infirmières et aides-soignantes dans les hôpitaux. Car Miroki peut se déplacer, éviter les obstacles (portes, murs), et amener des objets d’un point A à un point B. Et son coût de commercialisation varie, entre 30 000 et 100 000 euros.
Nadia, consultante externe d’enchanter Tools, explique : « Les infirmières sont en sous-effectifs, et de fait, sont fatiguées de devoir faire 15 allers-retours dans les chambres. Grâce à Miroki, elles pourront le programmer pour déplacer les objets dont elles ont besoin, et ainsi garder leur énergie pour des tâches humaines plus complexes. » Car la crainte principale est là : les robots tels que Miroki remplaceront-ils, à terme, les êtres humains ?
Le directeur de communication d’Enchanted Tools peine à cacher son agacement : « Le problème, c’est qu’il y a tout un fantasme autour des robots. Oui, les robots vont vivre parmi nous. Mais notre vision est diamétralement opposée de celle d’Elon Musk, qui crée des robots à l’image de l’homme pour le remplacer. Chez Enchanted Tools, on crée des robots à la fois mignons et utiles, qui vont nous assister. En aucun cas nous remplacer ! »
Une ceinture sensorielle pour mieux respirer ?
De l’autre côté, on retrouve une nouvelle pousse française : Neoflo, créée par Philippe-Antoine Cortès. Ancien grand anxieux, le CEO de Neoflo a décidé de créer une ceinture qui libère du stress. Elle est dotée d’une technologie haptique (moteurs vibro-tactiles qui bougent sur l’abdomen), et facilite les exercices de respirations sur le modèle de la cohérence cardiaque, dont les bénéfices ne sont plus à prouver.
« Les exercices de respirations avaient le vent en poupe alors j’ai commencé à faire de la cohérence cardiaque. Je trouvais ça efficace à l’instant T, mais je n’arrivais pas à conserver les bénéfices sur du long terme. Je voulais un changement durable, devenir tout bonnement plus résilient face au stress en réparant cette respiration dysfonctionnelle souvent associée ou secondaire à des troubles anxieux. J’ai voulu simplifier la pratique de la cohérence cardiaque pour qu’elle devienne un plaisir au quotidien et c’est comme ça qu’est naît, en 2022, la ceinture Neoflo. » relate Philippe-Antoine Cortes.
La porter vingt minutes pendant six semaines suffirait à retrouver une vie paisible et un bon sommeil réparateur, pour la coquette somme de 179 euros. Cette invention s’inscrit dans la mouvance de la French Care : traiter les causes des maladies avant même que les maladies ne se déclarent. Car le stress constitue un risque cardiovasculaire majeur, au même titre que le tabagisme ou le cholestérol. De même, les personnes anxieuses sont quatre fois plus exposées au risque d’infarctus.
Collecter des données sur la santé
Mais « comment impliquer les citoyens dans la prévention et la promotion de leur santé ? » La question est lancée sous le dôme blanc de l’Accor Arena, dédiée spécifiquement à la French Care. Un thème proposé par Doctolib, un site utilisé par 50 millions de français et qui engrange environ 120 millions de visites par an. La réponse, selon plusieurs spécialistes présents, se trouverait dans les neurosciences.
10 millions de Français risqueraient l’insuffisance cardiaque, ce qui engrangerait des coûts massifs en terme de santé publique. « Qui sont ces personnes à risque et comment les faire aller dans le bon sens ? » se questionne Antoine Malone, de la Fédération Hospitalière de France. Selon lui, il est nécessaire de personnaliser les messages, et surtout ne pas forcer les gens à faire quoi que ce soit. Mais que l’idée vienne d’eux-mêmes. « Aujourd’hui, les gens sont prêts à investir 10 euros par mois pour leur santé. Il y a vingt ans, c’était zéro ! » Le but est de soigner les gens avant qu’ils ne tombent malades, pour « éviter des hécatombes. En 2019, 12 000 diabétiques ont été amputés. Ça aurait pu être évité »
Mais comment ? Par des objets qui enregistre des données : sur votre manière de vous brosser les dents, de respirer, de manger, de marcher… Tous ces objets connectés permettraient de collecter des données médicales, qui elles-mêmes permettraient de faire avancer la science. Cela s’appelle du « profiling ». Mais peut-on être certains de l’utilisation de nos données ? C’est tout l’enjeu pour les professionnels de la santé.