C’est une véritable marée humaine. À peine les portes du site Rock en Seine ouvertes, des milliers de festivaliers se ruent en courant vers la grande scène. Ils ont tous une idée en tête : être au plus proche de leur idole, Billie Eilish, tête d’affiche de l’ouverture pour cette 20ème édition du festival, au Domaine national de Saint-Cloud. Et peu importe si l’artiste n’arrive qu’à 22h, elle vaut l’attente.
« On est venus exprès de Londres pour voir Billie », confirme un père de famille, souriant. Ils ont campés un jour entier devant les portes, pour être sûrs d’être bien placés. Sa fille s’est même teint les cheveux poir l’occasion, en hommage à la célèbre chanteuse : racines rouges et pointes noires. « Les artistes qui n’ont aucune chanson nulle sont rares. Tous ses albums sont excellents, c’est pour ça que je l’adore et que camper devant ne m’a pas dérangée » explique-t-elle, des étoiles dans les yeux.
Des fans surmotivés à l’idée de voir leur idole
En voguant sur le site, l’effet Billie est là, jusqu’au choix vestimentaire du public : cheveux verts ou rouges, attachés en macarons ou en couettes, baggy large et t-shirt oversize : une véritable ode à la chanteuse, qui paraît comme vénérée. Pour la plupart, ils ont entre 18 et 25 ans, et fans dès la première heure : « Elle a commencé à écrire des chansons avec son frère Finneas et s’est faite connaître grâce aux réseaux sociaux à 17 ans seulement ! » Annonce, extatique, Fabien, 19 ans. Pour cet étudiant en communication, elle est la preuve vivante que le succès peut arriver très tôt.
La foule commence à être dense face à la grande scène, et les parents sont déjà exténués avant le premier concert. « Elle ne veut plus bouger » souffle, exaspérée, Nathanaëlle, 47 ans. Sa fille est partie tout devant rejoindre ses copines et faire le pied de grue jusqu’à l’arrivée de l’artiste connue à l’international. « Je ne vais pas rester ici quatre heures, je vais aller chercher à manger. » prévient-elle avant de tenter une traversée de la foule. D’autres parents sont déjà prêts à ravitailler les enfants : Joël, 56 ans, sort un sandwich jambon-beurre de son sac. « J’ai prévu le coup parce que, voir Billie Eilish mais être à 4 kilomètres, c’est pas le top. »
La plus jeune reine de la pop pèse environ 41 millions de dollars
Il faut dire que le parcours de la chanteuse est époustouflant. Née à Los Angeles le 18 décembre 2001, Billie Eilish signe sa première collaboration avec son grand-frère Finneas. En 2016, ce dernier lui propose de poser sa voix sur une de ses compositions, Ocean Eyes. Posté sur SoundCloud, le son devient viral, et à seulement 14 ans, Billie Eilish commence son ascension. En novembre 2016, le titre sort officiellement et devient disque de platine.
Trois ans plus tard, la jeune artiste sort son premier album, intitulé When We All Fall Asleep, Where Do We Go? Le disque atteint la première place des charts dans quinze pays, dont les USA, le Royaume-Uni, l’Australie et le Canada. A seulement 17 ans, Billie Eilish devient alors la première artiste née dans les années 2000 à se classer numéro 1. Et aujourd’hui, à 21 ans, elle a accumulé plus de 41 millions de dollars grâce au streaming de ses titres.
Mais pourquoi autant d’ados s’identifient à elle ? Ce qui plaît avant tout est son authenticité. Autant dans son style, que sa manière de se mouvoir sur scène et aussi mais surtout, ses paroles. Car malgré son jeune âge, Billie Eilish livre des textes graves et extrêmement mélancoliques.
Comme beaucoup d’autres avant elle, elle n’hésite pas à raconter des faits réels en chanson. À l’instar de NDA, qui signifie « accord de non-divulgation ». Cette chanson fait suite au dépôt d’une injonction d’éloignement contre un fan harceleur. « J’ai un fan obsessionnel qui erre dans ma rue » chante-t-elle, la voix empreinte de tristesse. Voici le revers de médaille d’un succès massif que de nombreuses stars essuient : obsession et déification, jusqu’à perdre toute rationalité face à un autre être humain.
Le concert tant attendu débute, certains s’évanouissent à cause de la chaleur
Si la suédoise Tove Lo et la norvégienne Girl in Red ont livré un show époustouflant sur la Grande Scène, c’est bel et bien l’américain Billie Eilish que les festivaliers attendent de pied ferme. Et lorsqu’elle arrive enfin à 22h pétantes sur sa chanson électrisante Bury a friend, le public s’embrase. En plein milieu du concert, sous 33 degrés dans la fosse, certains ne tiennent pas et tombent dans les pommes. La chanteuse s’arrête le temps que la sécurité leur viennent en aide. Et reprend sans attendre, car son show est millimétré.
Il faut dire que le festival a payé cher pour ses 90 minutes de show. Pour ses 20 ans, le festival s’est offert la star américaine pour 1,5 million d’euros. « Elle a pris son chèque, mais elle les enchaine les chansons ! » admet Eric, en extase devant la star. « Allez hop, un petit coup d’eau et c’est reparti » commente son amie Elena. Chaque mimique, chaque mouvement de la chanteuse de 21 ans est scruté par 40 000 personnes. Des cris fusent lorsqu’elle s’arrête pour lancer un regard bleu glacial qui fait fondre ses fans « Pouah là làààà » crie une ado, conquise.
Lors d’un échange sur scène avec le public et son frère Finneas, Billie Eilish annonce travailler sur un nouveau projet d’album : « Il est mon meilleur ami, j’ai beaucoup de chance de faire tout cela avec lui. Nous parlions aujourd’hui à propos de l’album et…”. Les cris de la foule ont évidemment accueilli la nouvelle, « ne vous enflammez pas trop mais, voilà, ça avance. » Puis le show repart de plus belle. Pleine d’énergie, la star fait des vas-et-viens sur scène, jusqu’à l’apothéose : un final sur Bad Guy et Happier than ever, ses deux titres phares, sous un feu d’artifice qui vient clouer ce spectacle pharamineux.
Le festival parisien doit se poursuivre ensuite jusqu’au dimanche 27 août avec entre autres Cypress Hill, The Strokes ou encore The Chemical Brothers.